album·Docu·Prix littéraire

Balade en Fromagie (2023)

Auteur.es : Bernard Friot & Aurore Paillusson

Illustrateurices : Thomas Baas & Charlotte Fréreau

Editeur : Milan jeunesse

Pages : 104

Sélection Prix Sorcières 2024 – Carrément Sorcières Non-Fiction

Voilà un album que j’attendais avec impatience, un album qui raconte le fromage à travers les âges et les départements. Car oui, le fromage fait partie intégrante du patrimoine gastronomique français et même si certains Sont produits au-delà de nos frontières, ils n’en reste pas moins que la plupart trouve ses origines sur nos terroirs.

Balade en Fromagie est né de la coopération entre l’écrivain et poète Bernard Friot et la crémière et fromagère Aurore Paillusson, propriétaire de la fromagerie Le Trou de Souris à Besançon. Album documentaire original, il invite à l’exploration du monde du fromage entre informations, activités ludiques, recettes de cuisine et poésies, le tout servi sur un plateau d’humour frais et divertissant.

Découpé en 7 parties, ce documentaire propose une véritable immersion dans l’Histoire du Fromage en passant par les secrets de sa fabrication, son impact sur notre santé et, sur l’économie et l’écologie de notre pays. Riche en informations, le texte reste accessible aux lecteurs dès 6/7 ans car toujours délivré avec humour et un aspect ludique qui montre toute la passion de ses auteurs pour le fromage… et les bons mots !

La collaboration se retrouve dans les illustrations, ponctuées de photos piochées dans des banques d’images. Thomas Baas réalise de très belles illustrations qui viennent dynamiser le texte dans des « affiches » colorées, le rendre plus fluide aussi. On y retrouve des références publicitaires ou culturelles dessinées avec une pointe d’humour toujours appréciable. De son côté, Charlotte Fréreau vient animer les textes de pictogrammes rigolos, mais propose également des diagrammes et des planches de BD amusantes pour mettre en scène des interviews.

Balade en Fromagie est un album gourmand et généreux à déguster en famille !

Un livre sur le fromage éclectique et généreux, où alternent informations documentaires très sérieuses, mots d’humour, petites activités ludiques, recettes de cuisine, poésies, devinettes, interviews sous forme de BD… Pour un public d’amateurs de 7 à 77 ans et plus large encore…

masse critique·roman

La folle destinée des Kerdelec, tome 1. Un secret bien gardé (2024)

Auteure : Aurore Drécourt

Editeur : Calmann-Lévy

Pages : 542

L’histoire prend place dans la Bretagne du XVIIIè siècle à une époque où de nombreux nobles désargentés se voient contraints d’accepter des alliances avec des familles de naissance inférieure mais à la fortune considérable. Une façon pour les uns de retrouver un revenu qui leur permette de vivre selon leur rang, aux autres de faire oublier leur ascendance et rejoignant la noblesse. C’est ainsi qu’Etienne de Kerdelec, fraichement remonté dans l’ordre de succession, se voit « proposer » de prendre la tête de la famille et d’accepter, se faisant, un mariage imposé.

Chacun devrait pouvoir vivre comme il l’entend, quelle que soit sa naissance, prononça Antoine. Et je ne parles pas seulement de titres ou de richesses. La société accentue les clivages, il n’appartient qu’à nous de ne pas les respecter.

Lorsque sa famille constate sa fuite et la perte d’un document majeur pour récupérer un héritage imprévu, sa sœur jumelle, Sophie, décide de prendre sa place. Elle compte sur leur ressemblance pour duper son monde, comme lorsqu’ils étaient enfants. Mais bien loin des jeux qui lui apportaient la liberté de parcourir leurs terres, Sophie découvre le monde des hommes dans ce qu’il comporte de dangereux et de plus sordides. La compagnie du Comte de Carnac, autre prétendant à l’héritage, lui apporte une certaine sécurité, mais sera-t-elle préserver son identité secrète alors que le comte courtise la jeune femme tout en devenant ami avec la version qu’elle donne de son jumeau ?

En participant à cette masse critique privilège, je pensais postuler pour un cosy mystery, mais j’ai vite compris que ce premier volet de la saga familiale des Kerdelec tenait plus de la romance historique que de roman d’enquête. Si surprise il y a eu, elle n’en a pas été mauvaise pour autant car j’ai vite pris mes marques dans ce roman qui à beaucoup à dire (plus de 540 pages au compteur), et auprès de cette famille qui a beaucoup à offrir. Aurore Drécourt a su développer ses personnages en leur écrivant une histoire et un vécu qui leur donnent de l’épaisseur tout en les faisant évoluer dans un univers riche où les complots politiques flirtent avec les drames familiaux.

Un ami, un vrai, s’obtient avec le temps. Certes, une inclination est nécessaire au départ, mais ce sont les moments de joie, comme les pires épreuves, qui vous permettent de forger une amitié.

Je dois quand même avouer avoir eu un peu de mal avec l’écriture du personnage d’Etienne-Sophie notamment dans le fait que lorsqu’elle prend la place de son frère, Sophie devient Etienne même dans l’écriture du récit, l’auteur parle d’elle comme s’il s’agissait d’un homme. Si je comprends que c’est probablement un effet stylistique pour brouiller les pistes quant à son identité, en tant que lecteur qui sait, j’ai trouvé ça assez déstabilisant pour ne pas dire étrange.

En revanche, j’ai adoré l’aspect historique avec ses réflexions sur l’égalité et les droits de chacun. Nous sommes à l’aube des Lumières et l’auteure a su parfaitement amener les problèmes sur lesquels ils réfléchissent pour l’intégrer à son récit. De même, peu au fait de l’Histoire de la Bretagne, j’ai été particulièrement intéressée par les idées avancées sur le fonctionnement à part de la politique bretonne par rapport à l’ensemble du pays, porté par le fait d’être breton avant d’être français. Cela m’a donné envie d’en savoir plus sur le sujet.

La folle destinée des Kerdelec – Un secret bien gardé est le premier volume d’une saga intéressante et bien menée qui mêle habilement intrigue politique et romance historique dans une époque que l’on sait troublée et dont les grands changements se font déjà ressentir.

Je remercie Babelio pour l’offre de Masse critique privilège et les éditions Calmann-Lévy pour l’envoi de ce titre.

Une fille cadette, la noblesse bretonne, un papier volé… Engouffrez-vous dans les aventures captivantes des Kerdelec. 
Tout l’univers de Sophie, fille cadette du baron de Kerdelec, vient de s’écrouler. Lors du grand bal donné hier à Rennes, le précieux acte de baptême qui allait assurer l’avenir des Kerdelec a été volé. Pire, son frère jumeau Étienne a disparu, et le double choc est si grand que leur père le baron est victime d’une attaque. 
Mais Sophie est une jeune fille courageuse et libre – bien trop pour les convenances, dirait sa mère. Prête à tout pour sauver les siens, et consciente qu’elle ne pourra rien faire en tant que femme, elle décide de partir à la recherche de l’acte volé en se faisant passer pour son frère jumeau. Après tout ils ont joué à échanger leurs places durant toute leur enfance sans se faire repérer ! 
Commence alors pour elle une quête périlleuse dans un monde impitoyable dont elle ne connaît pas les codes. Quête d’autant plus déroutante que le séduisant et provocant comte de Carnac revendique lui aussi l’héritage…

Docu·roman jeunesse

Le feuilleton des jeux d’Olympie en quatorze épisodes (2024)

Auteure : Murielle Szac

Illustrateur : Olivier Balez

Editeur : Bayard jeunesse

Collection : La mythologie grecque en cent épisodes

Pages : 96

C’est aujourd’hui que sera allumée la première torche du Relais de la Flamme Olympique de Paris 2024. Comme le veut la tradition, cette cérémonie se déroulera dans le Sanctuaire d’Olympie, en Grèce. Puissant symbole des jeux, la flamme représente les vertus de la compétition sportive moderne mais elle ancre également les jeux antiques dans l’intemporalité.

C’est tout naturellement que j’ai choisi de parler du dernier feuilleton de Murielle Szac en ce jour symbolique. En effet, forte de ses connaissances en mythologie grecque, l’auteure signe un nouveau récit, écrit en 14 épisodes, pour nous raconter les jeux antiques et les valeurs qui portent encore cet évènement sportif : amitié, respect et excellence !

Des valeurs auxquelles vient ici s’en ajouter un plus contemporaine, la tolérance. Car si le récit a pour principal intérêt de nous faire découvrir les jeux tels qu’ils existaient dans l’Antiquité, l’auteure ne cache pas y avoir ajouter une touche de modernité pour répondre à la demande de la Maison de la culture de Grenoble d’écrire un texte qui défende le combat pour l’égalité des genres, des droits et pour le respect des minorités.

Porté par un jeune héros sensible et épris de justice, Le feuilleton des Jeux d’Olympie est une réussite en ce qu’il nous raconte les jeux dans la sélection de ses juges, les hellanodices, l’arrivée des sportifs sur le site d’Olympie, les épreuves, la victoire et la gloire, dans une écriture imagée aux descriptions colorées qui nous font voyager. Mais c’est aussi une réussite dans ce qu’il dénonce l’interdiction de laisser les femmes mariées assister à la compétition, sous peine de mort, et dans l’intolérance et le refus de laisser un sportif de couleur amener la gloire sur sa cité.

Un récit à lire en épisodes ou d’une traite… car si le découpage est parfait pour avancer lentement, les enfants risquent fort d’en redemander.

Lorsque l’on toque à la maison de ses parents, le jeune Crissias ne se doute pas de l’aventure qui l’attend : il a été tiré au sort pour devenir hellanodice lors de la prochaine olympiade qui se tiendra quelques mois plus tard dans la ville d’Olympie. Son devoir sera de veiller aux normes et à l’héritage des jeux et de maintenir le respect de ses règles lors des épreuves.
Le garçon qui ne sait rien faire d’autre que rêver et se disputer avec son frère Lykos n’a pas d’autre choix qu’accepter. Alors qu’une troupe d’athlètes débarque de Thessalie pour les premières sélections, et dans l’attente du voyage à Olympie, Crissias découvre donc le monde grandiose et cruel de l’olympisme.

album·Première lecture

Les amis de Momoko (2023)

Auteure/Illustratrice : Kotimi

Editeur : Rue du Monde

Collection : Pas comme les autres

Pages : 107

Après Momoko et Les vacances de Momoko, Kotimi nous entraine à nouveau au Japon pour y découvrir de nouvelles traditions et évènements qui se répètent chaque année au printemps. En quatre petites histoires, Momoko nous fait vivre Ohanami, la rentrée des classes en CE1, la découverte d’un centre spécialisé pour les enfants particuliers et la fête du 5 mai.

Si Ohanami et la fête du 5 mai sont des invitations au voyage et à la découverte de traditions, les deux autres histoires sont surtout l’occasion de mettre l’accent sur l’amitié, les nouvelles rencontres et d’aborder le handicap avec ce que cela implique de prise en charge pour l’enfant et sa famille, le regard des autres ou encore les besoins spécifiques.

De fait, les deux autres histoires, plus festives, sont un peu une vitrine du Japon, Ohanami étant cet évènement « carte postale » durant lequel les japonais se réunissent avec leur famille ou leurs amis pour pique-niquer sous les cerisiers en fleurs. La fête du 5 mai est la fête des jeunes garçons et met en avant la fabrication de koinobori, ces manches à air en forme de carpe koï.

Les amis de Momoko est une nouvelle fois une invitation au voyage dans une découverte de traditions et d’un mode de vie riche de sa culture. On apprécie les tutoriel pour confectionner des onigiri, ces fameuses boulettes de riz farcies, et les koinobori. On est toujours aussi fan des illustrations enfantines et approximatives aux couleurs acidulées, le découpage en petites histoires, le texte accessible aux petits lecteurs avec son vocabulaire aux sonorités exotiques, et les thèmes abordés.

Dans ce troisième volume, Momoko nous fait vivre la fête qui célèbre les cerisiers en fleurs, celle où l’on fait flotter dans le vent des koinoboris, ces beaux poissons multicolores en papier… Mais elle nous raconte aussi l’angoisse d’être séparée de Midori, sa meilleure amie ou la rentrée de Miyuki, sa petite sœur handicapée, dans un centre spécialisé. Momoko, c’est toutes les couleurs de la vie !

Nouvelle

Le pays de Rêve (2024)

Auteur : David Diop

Editeur : Rageot

Pages : 64

Au cœur de la montagne-décharge, Rêve et sa grand-mère vivent à l’écart du monde et des hommes, ne quittant leur logis qu’à la nuit tombée pour trouver dans les poubelles de quoi subsister. La grand-mère veille à la sécurité de la jeune fille à la beauté sans pareil. Mais en grandissant, Rêve est submergée par le désir de liberté et l’espoir d’un ailleurs resplendissant. Quand arrive le fils du Grand désœuvré, l’espoir s’épanouit dans le cœur des deux femmes…

L’histoire de Rêve se confond à celle de ces héroïnes de contes de fée, qui n’ont pour elles que leur beauté et l’espoir qu’un prince vienne sur son blanc destrier pour les sauver. Mais les rêves ne finissent pas toujours comme on l’avait espéré et la solution ne vient pas toujours de-là où on l’attendait.

Conte moderne, Le pays de Rêve aborde des thématiques très actuelles qui prennent forme dans les inégalités exprimées, d’une plume poétique et imagée, dans la pauvreté, la violence et les rêves brisés. L’exil, thème central de l’œuvre de David Diop, trouve ici forme dans deux anneaux d’or, héritage du passé et symbole de la liberté.

Le pays de Rêve était un enfer où toujours couvait le feu et coulait le sang. Un de ces pays, sans trêve et sans repos où l’on récolte par brassées, au lieu de blé, de riz ou de maïs, des milliers de vies animales et humaines.

***

Depuis que les soldats désœuvrés ont fauché prématurément ses parents, Rêve vit avec sa grand-mère dans une ville de bric et de broc, une montagne-décharge, au bord de l’océan. Elle vit la nuit, dissimulant sa beauté aux hommes avides. Parviendra-t-elle à s’échapper de sa ville de tôle et de barbelés ?

album

Les Jeux Folympiques (2024)

Auteur : Guillaume Guéraud

Illustrateur : Ronan Badel

Editeur : Seuil jeunesse

Pages : 48

En cette année de Jeux Olympiques, les éditeurs ne manquent pas d’idées et de propositions de livres sur le sport. Les rayonnages des librairies offrent un panel d’ouvrages sur le sujet dont il n’est pas toujours facile de faire le tri. C’est la première fois que notre famille va officiellement regarder les jeux dans une sélection de sports qui nous plaisent à tous : escrime, tennis-de-table et badminton seront au programme. En attendant, je nous ai préparé un petit assortiment de livres et Les Jeux Folympiques ouvrent les festivités !

Ici point de limites d’âge ou de force physique, la performance tient d’avantage à la capacité à faire rire qu’à être le plus fort. Et pour rire, j’ai bien rit. Les filles aussi ! Car non content de parler sport, ici Guillaume Guéraud et Ronan Badel réinventent le sport et proposent 18 épreuves complètement loufoques, inspirées de celles que l’on connait mais avec des règles et des aménagements nouveaux qui ne manquent ni d’originalité ni d’humour.

Réinterprétation des disciplines olympiques, Les Jeux Folympiques regorgent d’ingéniosité et montrent combien son auteur et son illustrateur ont su laissé leur imagination s’exprimer. Jeux de mots et illustrations comiques sont au rendez-vous de cet imagier hilarant qui sera probablement le plus original des titres autour de ce grand événement estival de l’année 2024 en France !

Un évènement sportif extraordinaire, 18 épreuves complètement déjantées comme le Batminton, la Gymnaztèque, l’Hippopotation, le Pastèque-ball ou encore le Tricyclisme… Des champions essoufflés et des perdants époustouflants : bienvenue aux célèbres Jeux Folympiques !
Il ne s’agit plus à tout prix de gagner mais surtout de s’amuser.

manga

Mars – Perfect Edition (2024)

Mars, bunbokan (2006)

Auteure : Fuyumi Soryo

Traductrice : Xavière Daumarie

Editeur : Panini Manga

Collection : Shojo

Pages : 362

Volume : 4/8 (en cours)

Alors que Makio se réjouit d’avoir su provoquer la colère de Rei exprimée dans une explosion de violence, ce dernier prend conscience de l’agressivité qui l’anime et prend peur. En effet, s’il est prêt à tout pour protéger Kira, il craint aussi de la perdre. En révélant cette faiblesse, Rei met pourtant la vie de la jeune fille en danger, poussant Makio à s’en prendre à celle qu’il considère comme responsable d’avoir attendri le cœur de son idole. Se faisant, il pousse Kira dans ses retranchements et fait remonter à la surface un traumatisme qu’elle était parvenu à enfouir derrière un mur de protection. Alors qu’elle se confie à Rei, la santé de sa mère la confronte à un choix délicat qui met leur relation en péril…

Tu sais pourquoi tous les gens rêvent d’un monde de paix où toute discrimination aurait disparu ? Parce que l’être humain n’est pas une créature paisible. Parce qu’il aime discriminer. Toute relation humaine commence par un rapport dominant-dominé.

Dans ce quatrième volume, la présence de Makio Kirishima soulève des questions sur la capacité des deux héros à accepter la part d’ombre qui existe eu chacun d’eux. L’affection qu’il se porte mutuellement s’exprime dans la confiance et le respect qu’ils ont l’un de l’autre. Sans jamais se voiler la face, ils prennent conscience que leur rencontre est ce qui les maintient sur le droit chemin, leur attachement prenant force dans la chaleur de leur couple, mais aussi dans celle qu’ils trouvent auprès de leurs amis, Harumi et Tatsuya, qui veillent sur eux avec un regard protecteur et bienveillant.

J’ai eu beaucoup de mal à peindre Kashino. Il a plusieurs sortes de couleurs en lui… Elles sont si subtiles et complexes qu’il m’a fallu beaucoup d’efforts pour les exprimer. Mais toi, Kirishima, tu serais très facile à peindre. Il me suffirait de recouvrir la toile de noir. Tu es incapable de changer le cœur de qui que ce soit.

Pourtant, leur relation stagne, Kira ayant beaucoup de mal à laisser la tendresse qui la lie à Rei s’exprimait dans une relation plus intime et charnelle. Les révélations de Makio viennent ainsi une fois de plus confronter le couple à la noirceur de l’âme et à la difficulté de surmonter un traumatisme. C’est pour Fuyumi Soryo le moment de lever le voile sur le passé de sa jeune héroïne et d’interroger la capacité de l’être humain à surmonter une blessure par la force de son mental. Elle illustre son propos dans des scènes d’une profonde tendresse et avec une certaine pudeur qui laisse l’émotion s’exprimer dans des planches d’une grande beauté.

Je voudrais partir quelque part, n’importe où, là où je pourrais tout oublier. Si seulement je pouvais tout oublier pour enfin renaître.

Tantôt froid, tantôt chaleureux, ce quatrième volume de Mars – Perfect Collection confronte un peu plus les deux héros à la noirceur du cœur humain tout en laissant s’exprimer sa lumière qui puise sa source dans le rapport aux autres. Le style graphique de la mangaka témoigne d’ailleurs de ce questionnement sur l’ombre et la lumière qui s’exprime dans son trait dur et froid, et qui trouve son point de bascule dans les scènes où les héros laissent leurs émotions s’épanouir. Se faisant, elle s’éloigne du genre shojo pour se rapprocher du josei, destiné à un public plus mature tant par le visuel que par ses thématiques, et fait de Mars une série unique qui séduira un public plus large.

Pourquoi ne l’ai-je jamais détesté ? Maintenant, je comprends, c’est parce qu’il savait ce qu’était le désespoir. Parce qu’il connaissait la douleur d’une blessure que rien ne peut apaiser.

Kira Asou est une jeune fille très renfermée sur elle-même, qui cherche sans cesse à éviter le contact avec autrui. Sa rencontre avec Rei Kashino, le garçon le plus populaire du lycée, mais aussi le plus casse-cou, lui sera déterminante. C’est ce garçon qui aime la vie plus que tout, lui qui n’a pas peur des sensations fortes, qui parviendra à la faire sortir de son cocon. Leur rencontre se passe dans un jardin public. Alors que Kira dessinait, le jeune homme vient l’aborder pour lui demander son chemin. Celle-ci lui dessine un plan au dos de sa feuille. C’est alors que le dessin l’émeut, de par sa beauté et son symbolisme: une mère avec un enfant, quoi de plus naturel ? Sauf que pour quelqu’un qui n’a jamais eu réellement de mère, c’est une chose merveilleuse. C’est ainsi qu’il fait tout pour se rapprocher de la jeune fille. Plusieurs obstacles viendront se dresser entre eux, mais cela ne fera que renforcer leur amour déjà grand dès les premiers jours. 

roman jeunesse

Crookhaven, tome 1. L’école des voleurs (2023)

The Crookhaven, book 1 : The School for Thieves (2023)

Auteur : J.J. Arcanjo

Traductrice : Anaïs Papillon

Editeur : PKJ.

Pages : 408

Depuis l’école des sorciers de J.K. Rowling, la littérature jeunesse est riche de ces écoles exceptionnelles pour héros particuliers. Si toutes ne sont pas à la hauteur d’Hogwarts, Crookhaven s’en sort à merveille dans ce que la création de son univers apporte d’original : école secrète à laquelle on se rend en train, cours du crime en tout genre, professeurs loufoques, classe d’appartenance, coupe des escrocs ou encore rivalité entre Héritiers et Méritants.

Nous sommes une maison pour les oubliés, un sanctuaire pour les âmes perdues… et, oui, un camp d’entraînement pour former les plus grands escrocs de demain.

Gabriel Avery est un héros attachant ; expert pickpocket au grand cœur, il ne vole que ce dont il a besoin pour les nourrir sa grand-mère et lui. Une qualité qui lui permet d’être repéré et invité à rejoindre l’école des voleurs où il espère bien trouver sa place.

Mens, mais jamais à toi-même. Triche, mais jamais avec tes amis. Vole, mais jamais ceux qui sont dans le besoin.

Entre dissimulation et faux-semblants, il ne sait pas toujours sur quel pied danser et comprend rapidement qu’il n’est pas là par hasard. Toutes ces interrogations prennent naissance dans le mystère de ses origines qui deviennent rapidement l’élément central du récit, Gabriel se lançant à la recherche de ses parents dont il ignore tout.

Mais ce sont ces capacités d’observation qui lui permettent de choisir des amis et alliés de qualité : Ade et Ede, jumeaux hackers de génie ; Pénélope, fille du directeur et brillante contrefactrice ; Amira, excellente « traceuse », elle amène une culture et une religion bien peu mises en avant dans la littérature fantastique. Posé et réfléchi, doué d’une mémoire absolue, il est un excellent stratège, conscient que l’union fait la force.

_ Pénélope, tu as de nombreux talents et tu maîtrises à la perfection plusieurs techniques d’escroquerie, mais une chose te manque encore : l’humilité. Tu dois te mettre dans le crâne que ce que tu ignores sera toujours plus important que ce que tu sais. […] Le talent ne se substitue pas à la modestie.

Crookhaven – L’école des voleurs est un premier tome immersif qui pose les bases d’un récit fantastique plein de promesses. J.J. Arcano a su créer un univers intéressant et original, bien que fortement inspiré par celui d’Harry Potter. Il parvient à nous tenir en haleine d’un bout à l’autre et à maintenir en suspens suffisamment de questions pour nous donner envie de lire la suite, que je ne manquerai pas de me procurer rapidement.

Je vous invite à lire les avis d’Isabelle, que je remercie pour la découverte, de Lucie et d’Héloïse.

Quand un pickpocket surdoué intègre une école de voleurs, tout peut arriver…
Gabriel, 12 ans, vit de rapines pour aider sa grand-mère à les nourrir tous les deux. Jusqu’au jour fatidique où on le prend la main dans le sac. Mais au lieu d’être arrêté, Gabriel est invité par le mystérieux M. Crooke à intégrer une école… un peu spéciale. Au nom d’une noble cause, on enseigne là la contrefaçon, le vol à la tire et même la « crimnastique » – en toute loyauté, bien entendu. Le jeune pickpocket découvre un monde impitoyable dans lequel  » Méritants  » et  » Héritiers  » s’affrontent. Lui, il a forgé son expérience tout seul et il ne doit rien à personne. Du moins c’est ce qu’il croit…
Dans cet univers de faux-semblants, tout ce que Gabriel pensait savoir sur le bien et le mal – et sur son histoire – se brouille. Il n’a d’autre choix que de se lier à ses nouveaux  » amis  » pour se bâtir une nouvelle famille. Mais peut-on vraiment faire confiance à des escrocs ?

album

Une aventure au royaume de porcelaine (2024)

Avventura nel regno di porcellana (2022)

Illustratrice : Katerina Illnerova

Editeur : Obriart

Pages : 26

Au royaume de Porcelaine, il était un pêcheur qui perdit son chapeau d’un grand coup de vent. Sa mettant à sa recherche, il quitta sa porcelaine et partit à l’aventure à travers d’autres pièces du vaisselier…

Album sans texte, Une aventure au royaume de Porcelaine se lit avec les yeux et invite à un voyage poétique durant lequel le petit héros parcourt des paysages variés et fait des rencontres improbables, le tout dans un style asiatique des plus appréciable.

Katerina Illnerova enchante par des illustrations d’une précision incroyable et d’une grande élégance. Chaque étape du voyage a été pensé pour s’incruster dans les pièces du service à thé comme autant d’obstacles et d’étapes à franchir pour parvenir à la suivante. Le résultat est tout simplement impressionnant de réalisme. C’est un coup de cœur !

Parfois, l’aventure nous attend au coin de la rue, ou même parmi les objets de tous les jours. Il suffit d’un coup de vent et d’un chapeau qui s’envole… comme nous le raconte le pêcheur du royaume de Porcelaine.

roman ado·roman young adult

Madou en 5 actes (2024)

Auteur : Guillaume Nail

Editeur : milan

Pages : 312

Pas facile d’établir son dossier ParcourSup quand on a une passion qui ne nous permet pas de répondre aux attentes de la société – et des parents – et de remplir les cases dans lesquelles elle tente de nous enfermer. Madou, qui repique sa terminale, est en colère contre tous et contre elle-même, répugnant à se fondre dans un moule qui ne lui correspond pas. Poussée par Gabor, son petit ami, elle ose, elle s’affranchit des codes et part pour Paris, co-écrire un scénario avec un metteur en scène rencontré au théâtre où elle bosse en tant qu’ouvreuse.

Madou en 5 actes est pour moi la rencontre avec un auteur que je n’avais jamais lu et dont je découvre la plume pleine de justesse pour aborder le passage à l’âge adulte avec ses questionnements, la passion du théâtre et le pouvoir de l’écriture. Guillaume Nail dresse le portrait d’une adolescente qui porte en elle les doutes et les questionnements de sa génération, en proie à une inquiétude permanente de trouver sa place dans un monde en plein changement, et à l’intérêt de faire des études qui ne la conduiront nulle part.

Construit en cinq actes, le récit voit Madou évoluer au rythme de sa passion pour le théâtre et des rencontres. Elle avance à tâtons, chute parfois, mais se relève toujours, le regard tourné vers l’avenir qu’elle dessine, portée par des amis, qu’elle ne mérite pas toujours, des parents concernés, à qui elle rend la vie impossible, et de nouvelles rencontres qui remettent en question ses décisions et la poussent à interroger celle qu’elle est vraiment.

Récit initiatique, Madou en 5 actes est un roman qui se révèle exaltant dans les passions de son héroïne et dans l’écriture moderne de son auteur, dont les descriptions de paysages sont une invitation au voyage, et dont la poésie se fait la fenêtre d’une âme luttant avec un puissant désir de liberté. On pourra prolonger la lecture en musique ou en lecture grâce à une playlist et une bibliographie proposées en fin d’ouvrage.

Je vous invite à lire l’avis de Séverine.

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Madou rêve de se projeter dans sa vie d’adulte, mais ne se voit pas d’avenir… Comment faire quand on se sent incomplète ? Où trouver sa part manquante quand on ne sait pas ce qui nous manque ?
C’est par le théâtre que Madou va trouver des réponses. En cinq actes, entre Cherbourg, Paris et Avignon, elle par à la recherche d’elle-même…